La construction au Sénégal est beaucoup moins encadrée qu’en France, et notamment aucun permis de construire n’est exigé. Il suffit de sillonner le pays pour en avoir la preuve. Une autre caractéristique, liée au faible pouvoir d’achat des populations, est le nombre très important de constructions non achevées, même si elle sont habitées.
Le centre Morgane
Pour le centre Morgane, nous avons construit 790 m² couverts en 5 bâtiments. Le programme a été établi en étroite liaison avec les futurs utilisateurs et le type de construction élaboré au fur et à mesure entre l’ASEM, l’entreprise THIOSANE d’Arona Hanne, l’association Morgane et l’aide de Sékou Massaly (Chef du secteur des Travaux Publics de Dagana). La construction est de type classique, faite de parpaings de ciment montés autour d’une ossature et de chaînages en béton armé. Les dalles sont en hourdis sur poutres et poutrelles, les portées maximum de 6,6 mètres. Les huisseries en métal ou en bois. Les murs intérieurs enduits en ciment peint et les sols carrelés. Les murs extérieurs sont revêtus d’un crépi de ciment coloré.
Le premier bâtiment a été construit en une sorte de succession de tâtonnements au cours desquels les partenaires ont appris à se connaître, à travailler ensemble et à établir une solide confiance réciproque. Une équipe d’entreprises et d’artisans a commencer à se constituer.
C’est dans le même esprit que le second bâtiment du centre a pu sortir de terre. Le centre Morgane a été construit entre septembre 2003 et novembre 2005, sans aucune rupture. Toutes les finitions sont terminées, y compris le crépi des deux faces du mur d’enceinte Tout est remarquable et a été remarqué par les autorités.
Papa Meïssa Hanne, et la qualité des équipes dont il a su s’entourer pour conduire cette réalisation (et les suivantes), est un des artisans déterminant de cette réussite.
Chacun s’accorde à reconnaître la fonctionnalité et l’esthétique de l’ensemble, même si la salle Freinet (grande salle des réunions plénières) est parfois jugée un peu "courte" par rapport aux besoins. L’ensemble est construit dans le style toit-terrasse avec galeries, très prisé dans la région. Au-delà de la protection solaire, cette esthétique est perçue comme un signe de solidité et de qualité.
Le groupe scolaire Célestin Freinet
Alors que nous étions dans la phase d’écriture du programme du groupe scolaire avec nos partenaires sénégalais historiques, une troisième composante est venue se greffer au projet. Elle s’est agrégée à l’ensemble après fédération de ses énergies sous le nom d’association Réunion-Dagana. Cette association regroupe des instituteurs, des élèves et des parents d’élèves de l’école du quartier de la Réunion à Paris 20ème (rue Vitruve). Trois parents d’élèves membres de cette association sont architectes, ils sont venus se joindre à l’équipe.
Après une série de visites sur place et en reprenant certaines esthétiques locales sur lesquelles ils avaient "tiltées", ils ont fait une proposition de construction.
A ce stade du projet, le caractère bioclimatique de la construction a été renforcé. Il est donné une plus large part aux galeries porteuses d’ombres. La construction en double peau des murs qu’il n’est pas possible de protéger par une ombre portée est introduite. C’est le principe du double mur avec une convection naturelle favorisée par des ouvertures basses et hautes. Ces options ont bénéficié d’améliorations constante en cours de construction. Le plan d’ensemble proposé à l’origine a globalement été suivi, des ajustements ont cependant été nécessaires en cours de construction. Le mode de construction retenu a finalement été celui bien maîtrisé par l’entreprise THIOSANE qui a été le partenaire de toutes les constructions depuis l’origine.
Il était primitivement prévu de couvrir toutes les terrasses d’une double toiture métallique, mais après un premier essai les coûts se sont avérés trop élevés. Un effet tout aussi efficace a été atteint en étanchant les toits terrasses avec un film de paxalu dont la face extérieure est en aluminium réfléchissant. L’effet obtenu est d’ailleurs plus conforme aux esthétiques localement constatées.
Les fenêtres incluses sur les murs doublés ont fait l’objet d’améliorations tout au long de la construction dans un compromis permanent entre chaleur et lumière. Les dernières réalisations voient les ouvertures décalées entre la peau extérieure et la peau intérieure et avec un toit largement débordant afin de piéger le soleil qui ne doit jamais entrer directement dans les pièces. Le "tunel" qui rejoint les murs extérieurs et intérieurs est enduit et peint en blanc afin d’agir comme une source lumineuse.
Les premières mesures de température effectuées montrent l’efficacité de la conception d’ensemble. La large part donnée aux galeries et au patios plantés améliorera la sensation de fraîcheur déjà décelable dans les parties existantes. Une vigilance particulière devra encore être apportée aux choix des couleurs des murs exposés au soleil. La différence de ton induit de fortes différences de températures.
Les utilisateurs apprécient leur école, ils s’y trouvent bien. Nous avions la volonté d’améliorer les standards de confort locaux en réduisant l’impact négatif de la chaleur sur l’attention des enfants. Nous pensons y être parvenus. C’est un des éléments favorisant l’excellence atteinte par ce groupe scolaire.
Presque huit ans se sont écoulés entre la première pierre du centre Morgane et bientôt le dernier coup de pinceau de l’école maternelle. Au cours de ce chemin effectué avec les entreprises locales fidèles, nous avons constaté une amélioration permanente de la qualité des travaux. Le degré d’exigence réciproque n’a cessé de croître.
La salle polyvalente et la finition du groupe scolaire....
L’essentiel du groupe scolaire est sur le point de se terminer. Après les 6 classes de l’élémentaire et le bâtiment de "services", les trois classes et annexes de l’école maternelle sont en passe d’être terminées. Il en est de même du réseau de galeries de liaisons entre les différents bâtiments existants. Le programme d’origine prévoit aussi une salle polyvalente ouverte sur le groupe scolaire et le quartier. Une série d’échanges a été initiée pour définir avec plus de précision les besoins six ans après la rédaction du projet d’origine. Cette phase est d’autant plus importante que ce sont les derniers bâtiments qui restent à construire sur les derniers m² disponibles. Les échanges communs de décembre 2011 ont révélé la nécessité de prendre le temps d’une réflexion approfondie sur les coûts de gestion d’un tel équipement. Il ne peut être qu’à l’équilibre. Cependant, il apparaît souhaitable d’initier les actions sans attendre ! C’est pourquoi nous cherchons les moyens de financement d’une préfiguration de matériel exploitable en extérieur de manière autonome. Nous y travaillons pour l’année scolaire 2012-2013.
Juin 2012